Nature humaine

Texte - Fantazio (Fabrice Denys)
2009—11

Collection Frac Poitou-Charentes

Nature humaine pose un regard sur les contradictions d’une recherche identitaire dont le corps serait la valeur unique dans nos sociétés contemporaines, et l’image de ce dernier, sa finalité. Parfois célébré, parfois rejeté, le corps représente le sujet de beaucoup d’attentions. Nous faisons de chaque signe que les corps exhibent, des symboles, et nous appréhendons le corps des autres comme le miroir de leur âme. Alors qu’ils jouent le rôle d’écrans, de masques, de filtres déformants, à l’instar de la photographie dont on pense toujours qu’elle est ce mode de représentation qui offre la plus grande fidélité au réel. Il crée la confusion entre ce que nous avons et ce que nous sommes, à l’instar du portrait photographique dont on pense qu’il livre une vérité de la personne. Sous le règne du regard, la surface devient le lieu de la profondeur. Le corps n’est plus perçu comme une enveloppe ou comme le vêtement du social et du culturel mais bien comme le contenu de l’être, une identification. Certainement la raison pour laquelle chacun semble faire allégeance à l’image qu’il renvoie, parfois dans une forme de tyrannie, toujours dans l’affirmation d’une liberté, voire d’une libération.
Ce travail photographique indexe le bricolage permanent de l’homme avec sa nature, et par glissement, avec la nature. Le corps animal et le corps végétal, eux aussi, semblent avoir été récupérés et transformés en des supports de ces revendications identitaires, en le sceau de l’humain sur la nature.



Dans une belle Europe cimetière, vous êtes encore vivant, et les enfants rigolent toujours des gros, des laids, des hybrides, des petits, des poilus. Ils ne s’en moquent pas puisqu’ils les voient vraiment. Ils en rigolent de la même manière. Leur rire a la même matière mousseuse et tendre qu’il y a deux mille ans.

Ce n’est pas cette fameuse mondialisation qui aurait rendu le monde polymorphe, le monde a toujours eu mille visages, autant de visages dans le corps d’un seul homme.

Autant d’histoires familiales qu’il y a de sortes de plantes.

Au bout de chaque chemin emprunté, un être nouveau, peut être déjà perçu en rêve, attendait là, et montrait une direction du doigt.
Les créatures qui défilent semblent des huîtres à perles toutes plus magiques et différentes les unes des autres et se verrouillent en douce dès que la vie leur demande de danser.


Extrait de “Le nez bien dedans sous la mousse” de Fantazio, 2012, in Nature humaine, catalogue, Éditions Galerie Louise Michel — ville de Poitiers



Nature humaine se compose de 36 photographies, tirages jet d'encre fine art sur papier Hahnemühle Pearl 320g, 50x70 cm et 50x50 cm, qui ont intégré les collections du Frac Poitou-Charentes en 2012 Ce travail a bénéficié de l’accompagnement artistique et curatoriale de Dominique Truco et Patrick Tosani